mardi 30 octobre 2012

Pourquoi je marche !






Mots en corps : le chemin du poète.
Cet homme marche. Le signifiant fondamental avec lequel il fait corps, se déploie tout au long de son existence. Il ne parle que de ça ! Le questionnement qui fait énigme pour lui, et condense toutes les interrogations : qu’est ce que ce corps ? l’amène à des inventions qui se déclinent et s’enchainent comme un chemin au bout de l’horizon en amène un autre, à partir de ce signifiant « la marche », auquel vient faire bord l’écriture, dans une tentative de mise en mots de l’indicible.


Il se dit en impasse pour pouvoir parler du corps. Parler du corps c'est souvent parler à côté … dit il, indiquant une bordure à l’énigme. Le corps n'est pas cette évidence centrale, précise t-il, n'est pas un objet, sur lequel échoue bien souvent les langages… tenter de parler du corps, c'est parler du corps sujet, du corps acteur.
Ce qui empêche l’homme d’en parler, c’est l’Hilflosigkeit, le désarroi de ce corps jeté à la vie, jeté au monde comme le dit Heidegger quand il parle de la naissance, inconsolable d’être alors tombé dans cette solitude à laquelle il se confronte dés le départ et tout au long de son existence.

Dans l’exercice professionnel, cet homme touche aux corps qu’il palpe, presse, malaxe, observe, remet en marche… De retour de vacances, il dit son plaisir à retrouver la peau des autres, peau, endroit où l’on s’épouse, la pénombre, un toucher patient, des retrouvailles, une écoute, un langage qui se rétablit. Ce toucher l’achemine vers le corps de l’autre, mais aussi vers le sien propre. Il se réfère à Lévinas, à une faille dans « l’allergie de l’autre » comme mode basique de son rapport qui est non rapport, à l’autre.

Il a à faire avec le tissu conjonctif qui est le lieu de l’immunologie, qui impose une contrainte, un continum contraignant le reste du corps, qui presse les cellules, les organes. Le milieu organique ne se développe qu’au sein de sa contrainte. Dans le cancer, on fait le lien avec l’immunologique, beaucoup de cancers sont des maladies auto-immunes et le conjonctif qui est le lieu de lieu de l’immunité, cesse alors de contraindre le milieu organique, du coup les cellules cancéreuses peuvent proliférer. L’immunologie a sans doute à voir avec une certaine mémoire du corps, une mémoire tissulaire, qui n’est pas une mémoire neurologique.

Marcher : une valeur sûre !
L’acquisition de la position verticale, propre de l’homme, se serait fait en milieu aquatique, cette position debout est une position fatigante pour l’homme, immobile, la pression dans ses jambes augmente et d’aucun prétende que l’homme marche parce que la position debout lui est pénible. L’homme se redresse, son regard s’horizontalise, le conduit vers des ailleurs, des autrement. Le regard peut être dénoncé comme l’initiateur du déplacement du corps. L’ébranlement du corps ne serait pas en soi une fonction mais l’homme se mettrait à marcher pour aller atteindre des lointains, des ailleurs. Mais le lointain de l’homme, son jadis n’est, en définitif, pas extérieur, c’est lui. Il est ce vers quoi il se déplace. La marche ébranle le corps via le tissu conjonctif et si elle amène vers des ailleurs, l’être n’en demeure pas moins son propre horizon indépassable qui s’efface avec la mort.
Ce corps marche cahin-caha, avant tout fondamentalement Un, seul. La marche est un « vers soi », un mouvement intérieur qui se ramène au corps, la marche le ramène à cet état antérieur au corps né, traumatisé de ce passage. La marche par le balancement ramène au corps d’avant, permet de renouer, est une tentative de guérison, offre une part de consolation. C'est d'abord faire corps, et la marche s'y " attache ". Le mouvement apparaît comme salvateur, malgré le fait de rester inconsolable.

Son héroïsme, sa tentative, à cet homme, est d’affronter son désarroi qui est une expérience indigne de son être. En ne fuyant pas son angoisse, on ne fuit pas son désir écrit Lacan dans le Séminaire XX. Clotilde Leguil de préciser dans son introduction au Malaise dans la Civilisation « Rien ne peut nous sauver de notre angoisse que le Dieu Logos, c’est à dire notre propre croyance en la parole et sa fonction éthique. »

Cet homme a cheminé, et chemine, certain de sa solitude, mais avec d’autres. Dans son cours sur le vivre ensemble, Barthes parle de la solitude, passée de l’Un à l’Autre… L’art des Chemins, l’art en Ballade, les chemins écrits offerts à ceux qui le souhaitent, il s’est saisi de ses questions, de sa détresse, pour en faire un art de vivre pas seul.

Le langage est là, au rendez-vous de nos séances hebdomadaires, tentative d’ébauche de dire l’indicible, sur le chemin d’un travail d’écriture qui cherche ses formes, adresse à l’autre, tentative aussi, de maintenir éloignée cette chape d’angoisse qui n’est pas loin, qu’il nomme ennui…
Il ne parle que de la marche. Mais en arrière plan qui est sur le devant d’une autre scène, les mots, le langage l’habitent, il écrit, pour échapper à la déroute de la parole. Le langage, sa lalangue gîte et veut s’offrir, transmettre. Dans cette tension, ce corps tendu, il se tient comme en littérature une phrase se tient. Il se risque là à un continuum qui n’est pas métaphorique mais réel. Le territoire de son corps est parcouru de pistes le long desquelles foisonnent la pensée et la parole et surtout, la langue du sujet, sa langue.

Le corps immobile, pour cet homme, serait un corps sans parole, sans parole pour le dire, la parole viendrait du corps ébranlé, émovu. Il se pose la question, est-ce là qu’apparaît la parole de poésie… Aux impasses langagières, à l’indicible, la poésie se présente, langage venant du corps, les mots remontent du corps, passent vers une langue qui dirait, dans un mouvement où les dires résonnent dans le corps et du corps à partir duquel jaillissent les dires. Est ce ainsi, à partir de ce corps ébranlé, qu’apparaît la poésie…

Ce n’est pas une pensée circonscrite, une réflexion qui le pousse vers ce chemin mais plutôt quelque chose de l’ordre de ruminations. Et  ça l’amène à l'homme marsupial, celui qui en marchant, dans un ébranlement du sac conjonctif, se berce lui même, retourne au temps d'avant, s'apaise et découvre un langage " avancé " …une éclaircie, un pas en avant ? Cette tentative de passage à un autre langage élève ses dires à ceux du poète, laissant aux autres le garde-fou, lui, avançant sans filet. Le discours de Heidegger, poétique, presque philosophique, mais d’une philosophie non académique, comporte un risque, celui de lalangue offerte à l’Autre.

A l’instar du poète qui la précède, la psychanalyse a imaginé un autre discours, celui qui offre la possibilité de lalangue à chacun. Accéder à cette lalangue est une renaissance, une nouvelle naissance.

Pourquoi la marche… parce que le corps. Et c’est dans la contiguïté de la re-naissance à partir de l’émergence de lalangue.

Karine Mioche 
avec   Bernard Quinsat




La pensée et le cerveau …



Ce que tu vas trouver la dessous est un peu merdique mais, même mal formulé  c'est assez proche de mon ressenti …et de ma propre pensée (!)
J'avais cinq minutes, je l'écrit vite fait ., tu voudras bien m'excuser . BQ.

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Curieuse impression:
c'est passionnant et en même temps
comme inutile voire dangereux…
Qu'est ce qu'on en a à faire de savoir
comment c'est fait une pensée" ,
comment ça pense
et puis plus loin cet horizon de " meilleur des mondes " !
Si Jean Chazal n'était pas si sympa on aurait presque peur …

L'horizon philosophique est tout autre
et si cul par dessus tête l'âme s'invitait à nouveau ?
Non pas comme principe premier ,
mais comme devenir ultime de la pensée
qu'on se comprenne : le cerveau est bien nécessaire pour penser ,
mais la pensée s'ordonne en dehors de lui :
vous alliez dire : " au-delà " ?
L'âme serait donc un supplément presqu'éternel ( immortel )
puisque l'on se retrouve nombreux à penser des choses voisines,
à nourrir une sorte de corps de la pensée qui ne meurt jamais
étant donné qu'ils sont toujours quelques uns à le relever
-l'altérité alors fait sens et l'éthique s'impose " naturellement -
quand les autres sont tombés au front …de la vie !

Le philosophe a été sublime quand pour illustrer son questionnement relatif à la corporalité de l'esprit,
s'est mposé à lui comme une évidence et un phare prêté aux autres pour voir,
le mystère de  la " Sainte Face " :
qui pourrait affirmer ici que le visage n'est qu'une réalité organique ?

A ce moment là, plus lévinassien que lui : tu meurs !

Merci Gérard et Amitié .

dimanche 28 octobre 2012

L' Ultima de Compostelle et la Stella di Nardi .


Approche du soir en Novembre en vue  de la Chaise-Dieu …
 

C’est au cours d’une conférence portant sur « la marche et l’écriture » qu’il avait été invité à présenter à Issoire que Bernard Quinsat éveilla l’intérêt de responsables de la ville d’Issoire et du pays de Sauxillanges à propos d’un de ses projets se déclinant en deux volets : « l’Ultima de Compostelle » et « la Stella di Nardi ».
Venant du Président de Colportage « les arts du chemin », nul ne s’étonnera que ces deux projets recourent à la marche comme support.

Montée sur Chomontel, la ville -Beaumont et Clermont - s'éloigne : c'est encore loin Compostelle?

Concernant l’Ultima il s’agirait de proposer une fois l’an un événement susceptible d’attirer l’attention sur la Via Arverna itinéraire de Saint-Jacques de Compostelle qui relaie à Clermont-Ferrand celui qui vient de Vezelay par le Bourbonnais, pour rejoindre ensuite à Cahors la Via Podensis - partie du Puy-en-Velay - atteinte après avoir rejoint Brioude et traversé le Cantal et le Lot. Ce temps fort consisterait à rassembler au cours d’un week-end de printemps, un grand nombre de marcheurs pour rallier Clermont à Issoire en deux jours ou bien comme à « l’ancienne » en une seule étape.

Réfléchissant à ce projet Bernard Quinsat avait pu constater que sur cet itinéraire ou en sa périphérie se retrouvaient trois communes jumelées avec des cités italiennes traversées aussi pour deux d’entre elles par une voie de pèlerinage joignant Rome et Compostelle, la Via Francigena.
Le hasard, ou la providence en pareil cas, les a distribuées aussi rapprochées l’une de l’autre que le sont leurs trois jumelles auvergnates. Fosdinovo jumelée avec le Pays de Sauxillanges surplombe la mer à deux pas de Carrare, Licciana Nardi liée à Romagnat est plus à l’intérieur des terres en Lunigiana et Frassinoro déjà sur le versant émilien, fille de La Chaise-Dieu depuis 1107, en est maintenant la jumelle (carte d’ensemble).
D’où l’idée de faire d’une pierre deux coups en prolongeant l’Ultima par deux étapes supplémentaires permettant sous l’égide clunisienne d’accéder à Sauxillanges pour aller finir à la cité casadéenne.

Chazelles près de Montrognon 
Comme le constatait Jean-Jacques Rousseau, « les idées venant en marchant » Vincent Challet avec un réseau amical du bassin d’Issoire et du Livradois et les amis de Colportage et de Chamina se mirent en chemin pour reconnaître exhaustivement l’itinéraire et faire des simulations permettant d’ouvrir la manifestation au plus grand nombre dès le printemps prochain et de proposer sur ces traces un rassemblement des « jumelages »  fin aout 2013 avant d’envisager en 2014 une « manche retour » dans la péninsule, en étoile autour des Alpes apuanes et des Cinque terre

Site de Sainte Elidie
En bon voisinage avec Clermont, Issoire on le voit se trouve au cœur de ce projet et c’est ainsi que Bernard Quinsat s’est rapproché de Jacques Magne maire de la ville qui lui a réservé une bonne écoute.

Bien avancés les projets en sont donc là et les troupes « opérationnelles ».
Jean-Pierre Eyrault et Jean-Paul Guichard associant à cette aventure leurs talents  permettraient au plus tôt, l’un avec ses dessins et l’autre ses photos, à Véro Béné de proposer un visuel de qualité qui commencerait à faire récit …

On sait que les jumelages sont souvent à la recherche d’un nouveau souffle. Celui-ci placé sous le patronage de Saint Jacques pourrait s’avérer une bonne idée et partant ainsi d’un bon pied tout le monde y retrouverait son compte … reste donc à suivre la « buona stella di Nardi ».
« Qui a parlé un jour de Toscane auvergnate ? »

Frassinoro fille de la Chaise-Dieu depuis 1107 en est maintenant la jumelle . 



mardi 23 octobre 2012

Quelqu'un m'a écrit …

 
LES FOURS A CHAUX
L’erreur serait d’accorder du crédit à l’apparente désorganisation des lieux, car c’est justement ce joyeux bordel qui semble lui donner corps. Les Fours à chaux font partie de ces endroits ou le bazar est un décor, donc une construction reflétant le fond de l’âme de ses créateurs. Loin de la friche industrielle, c’est un espace investi. Investi à plusieurs titres, et par plusieurs tribus.
D’abord la famille, les héritiers… Ceux qui décident que l’histoire des Fours ne prend pas fin avec l’arrêt de la production. De leur patrimoine familial, privé, désaffecté, ils font un lieu artistique riche d’une nouvelle histoire.
La deuxième sphère à graviter autour des Fours est constituée par ceux qui y croient, ceux qui adhérent. Parmi eux, les nouvelles chevilles ouvrières qu’incarnent les deux associations  «  Amis des Fours à Chaux «  et « Colportage, Arts du Chemin », mais aussi les artistes résidants, les oiseaux de passage - musiciens, comédiens, danseurs, … Ils rajoutent au joyeux bordel en y apportant leur touche personnelle de manière éphémère, ou plus durable comme plasticiens résidants Yves Guerin et Roland Cognier.
Et puis des invités qui débarquent en écarquillant les yeux, leur curiosité accrue par le tableau qu’on leur a dressé avant de les convier à la fête. Ils arrivent là et tentent de compter combien de volontés se coordonnent pour créer cette magie qui fait sens. Et finissent sans doute par se dire que cette bande d’amis a bien de la chance de disposer d’un tel écrin comme terrain de je(ux)…

Charlotte OUDIN

lundi 8 octobre 2012

La révolution des violettes a bien eu lieu !



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A Romagnat, doux week-end d'automne.
Aux « Fours à chaux », la révolution des violettes .

Les « Fours à chaux » la nuit, toujours la même magie, toujours le même enchantement.
Un acharnement à les faire vivre, leur redonner chaque fois un habit de fête populaire, 
un velours de salle de spectacle, digne des «grandes» !
Des lumières en guirlandes colorées, des flammes, des sourires.

Samedi 6 septembre 2012,
la compagnie Latituds joue pour nous une fois encore «La petite république des Herbeaux», écriture et mise en scène de Lionel Alès.
Deux comédiens, un musicien, endossent tour à tour les cinq  personnages de la pièce (six avec la musique de JK) et nous emmènent avec Marion, Le Toine et Luka dans un voyage onirique, réaliste, émouvant. La révolution des violettes.
Le texte est fin, drôle et grave, poétique.
Les acteurs ne nous laissent pas de répit, des presque larmes au rire !
Le décor d'une inventivité somptueuse... toujours en mouvement et transformations, acteur lui aussi !

Les spectateurs : ce soir ils sont une centaine. On fait salle comble !
Des habitués qui ne manqueraient «ça» pour rien au monde.
Des nouveaux venus juste amateurs de théâtre et qui ont entendu dire.......
Des musiciens, des amis, des passionnés de quelque chose , ou de tout, ou juste de rencontres ….humaines!
Ovation pour les artistes !
Tout le monde est ravi. D'avoir été là.

Il faisait doux.
La soirée fut belle, se prolongea en discussions, musique, échanges tard dans la nuit, autour du brasero

Marie Staelens .